Pierre sèche

« Les murs en pierre sèche sont bâtis sans aucun liant entre les différentes pierres de tous calibres qui les constituent. Cette technique ancestrale a été utilisée partout dans le monde où l’homme avait besoin de modeler les terrains pour cultiver, bâtir ou pour circuler d’un point à un autre.

Empirique au départ, le système constructif « pierre sèche » a évolué de siècle en siècle mais a été momentanément délaissé avec l’exode rural et l’arrivée des matériaux industriels.

Les murs de soutènement en pierre sèche jouent un rôle important dans la régulation des eaux de par leur structure, car ils présentent une multitude d’interstices et de vides (autour de 25%), qui les rendent drainants. Ils permettent aux sols soutenus d’être correctement assainis tout en évitant l’érosion des terres grâce à la diminution des pentes. A cela s’ajoute leur bonne capacité de régulation thermique par leur inertie favorable aux cultures et à la biodiversité.

Le mur, sans liant, mais dont toutes les pierres sont bien calées, est résistant. Il ne s’agit pas d’un simple empilement de modules, mais bien d’un bâti dans lequel le croisement des pierres entre elles assure stabilité et résistance de l’ouvrage. Celui-ci peut subir de légers mouvements sans être déstructuré (trafic routier ou agricole, secousses sismiques, mouvements géologiques, engorgement des sols et ravinements lors des inondations, etc.)

La construction de ces murs consomme peu d’énergie, et présente un bilan environnemental très favorable [1]. Ils ont constitué à travers les âges des paysages bâtis bien spécifiques. Leur structure crée des habitats et écosystèmes favorables à la biodiversité végétale et animale.

La pierre sèche est un mode constructif spécifique qui nécessite une technique et une compétence maîtrisées. Ayant une dimension humaine, non industrialisable, non délocalisable et souvent pratiqué dans des environnements remarquables, ce métier contemporain est fait de la maîtrise d’une technique ancestrale qui n’a cessé d’évoluer. Il garde tout son sens aujourd’hui, et s’inscrit dans les enjeux du XXIème siècle (emploi, écologie, patrimoine…) D’autant qu’actuellement le bâtisseur peut disposer de l’aide de certains outils ou engins pour réduire la pénibilité de certaines tâches et augmenter son rendement.

De nouveau reconnue comme « mode constructif d’excellence »[2], notamment pour les murs de soutènement, la pierre sèche est en pleine évolution. Le monde scientifique travaille avec des praticiens depuis 2002 sur la résistance des murs de soutènement en pierre sèche, de nombreuses thèses et recherches ont été publiées.« 

Extrait « Technique de construction des murs en pierre sèche : Règles professionnelles » paru aux éditions de l’ENTPE / ABPS. ISBN : 978-2-86834-125-9


[1] « Y. Tardivel, A-S. Colas. Réalisation d’un mur de soutènement routier en pierres de granit issues de la déconstruction de bâtiments d’habitation à Felletin. Journées techniques AFGC, Cachan, 2015. »

[2] Jean-Claude MOREL, chef du laboratoire Génie Civil et Bâtiment, Ecole Nationale des Travaux Publics de l’Etat (Lyon)

Technique de construction des murs en pierre sèche : Règles professionnelles

Les Règles Professionnelles constituent un cadre de référence pour les constructeurs, les maîtres d’œuvre et les assureurs pour les ouvrages en pierre sèche « accessoires au bâtiment ». Elles renforcent la visibilité de ce mode constructif auprès des donneurs d’ordres et contribuent à ouvrir le marché. Cet ouvrage contient également les nouveaux abaques de dimensionnement des murs de soutènement issus des travaux de recherche scientifique
(144 abaques pour 4 types géologiques de pierre).

Trois niveaux de Certificat de Qualification Professionnelle (CQP) reconnus par la branche du Bâtiment et des Travaux Publics ont été homologués.
Pour mettre en œuvre des murs en pierre sèche conformément à ces règles professionnelles, tout entrepreneur doit apporter la preuve du savoir-faire au sein de son entreprise concernant ce mode constructif. Pour cela, il faudra détenir à minima le premier niveau, le CQP N2 « Ouvrier professionnel en pierre sèche ».

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